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Interview de Jean-Michel Valantin, le « Machiavel de l’anthropocène »

Interview de Jean-Michel Valantin, le « Machiavel de l’anthropocène »

Coal rencontre ce spécialiste en géostratégie environnementale.

Ce spécialiste en géostratégie environnementale, auteur de « Guerre et Nature, l’Amérique se prépare à la guerre du climat » (Prisma, 2013) rencontre Coal pour Ressource0.

Jean-Michel Valantin est docteur en études stratégiques et sociologie de la défense et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (CIRPES). Il a déjà publié en 2003 aux éditions Autrement Hollywood, le Pentagone et Washington, les trois acteurs d’une stratégie globale (réédité toujours chez Autrement en 2010 sous le titre Hollywood, le Pentagone et le Monde : Les trois acteurs de la stratégie mondiale) et Écologie et gouvernance mondiale, Édition Autrement, Collection: Frontières, septembre 2007.

COAL : L’armée américaine intègre-t-elle vraiment le développement durable ? N’est-ce pas antinomique avec son activité, sa culture ? Comment s’y prend-t-elle ?

Jean-Michel Valantin : L’armée américaine est en train d’évoluer en s’appropriant les principes du développement durable, car cela correspond à ses besoins financiers, tactiques, opérationnels et stratégiques. En effet, les nombreuses expériences menées durant l’occupation de l’Irak pour augmenter la part du photovoltaïque, par exemple, dans l’alimentation en électricité des bases américaines, était un début de réponse à un besoin à la fois logistique et tactique et opérationnel, afin de réduire la taille et la fréquence des convois de ravitaillement, qui constituaient autant de cibles pour les guérillas. L’intérêt intrinsèque de cette démarche a été tellement bien compris que, depuis le retour des troupes d’Irak, un gigantesque chantier s’est ouvert  pour faire entrer les bases militaires sur le sol américain en démarche de développement durable.
Les responsables stratégiques américains commencent à comprendre que les bouleversements environnementaux en cours ne s’arrêteront pas, qu’ils vont s’amplifier et s’approfondir, et qu’ils ont une portée géostratégique majeure, que ce soit la déstabilisation de l’Arctique ou celle de la mer de Chine méridionale.
Cependant, l’armée américaine ne prétend pas donner de leçon à la Nation américaine sur les grandes orientations à prendre ou non. L’institution « se contente » de s’adapter à un monde où se conjuguent la crise des ressources et le changement climatique, conjugaison qui est le moteur de la « longue urgence » définie par James Howard Kunstler. Il s’agit d’une démarche pragmatique, « à l’américaine », qui prend désormais en compte l’interpénétration des dimensions sociales, environnementales et économiques, et des dérapages qui créent le risque, comme la rencontre entre l’intensification des évènements climatiques extrêmes et l’urbanisation de la « tornado alley » au cœur du Midwest, ou la catastrophe de la plate-forme « Deepwater horizon » qui a ravagé la Louisiane en 2010.
Les Etats-Unis ne sont pas, et n’ont jamais été les « maîtres du monde ». En revanche, ils sont la première puissance géostratégique mondiale et ils entendent maintenir leur dominance globale, dans un monde et sur une planète en crise et le font par une approche pragmatique de risque et opportunité. Ils prennent en compte la nature et l’ampleur des risques, de plus en plus systémiques, globaux et destructeurs, et d’autre part ils saisissent l’opportunité de « mise en forme » de la coopération internationale, pour faire, autant que possible de l’interdépendance contemporaine, une base d’influence.

COAL : Le Président Obama vient de lancer un grand plan de lutte contre le changement climatique. Est-il ambitieux ?

Jean-Michel Valantin :  Oui, il est ambitieux du simple fait de son existence ! Obama avait tenté une première fois au début de son premier mandant de faire passer un « climate bill », mais il avait dû reculer. Il revient à la charge, en désignant clairement les enjeux. Il énonce clairement sa volonté de réduire drastiquement les rejets de gaz à effet de serre, en particulier des centrales électriques, sachant qu’un tiers de celles-ci sont des centrales à charbon. Or, l’industrie du charbon, qui connaît un « revival » mondial depuis une dizaine d’années, est, aux Etats-Unis, politiquement ancrée au sein du Parti Républicain. Il s’en prend donc directement à certains soutiens industriels du Parti républicain et force un débat entre les tenants du climato-scepticisme et les nouvelles voix républicaines qui s’inquiètent du changement climatique, comme le gouverneur républicain de l’Etat de New-York, dont l’Etat a connu pour 50 milliards de dollars de dégâts du seul fait de la tempête Sandy, en pleine période de crise économique.  Le Président Obama vise la baisse des rejets de gaz à effets de serre, mais surtout une nouvelle révolution industrielle qui permette progressivement à son pays de s’approprier d’autres technologies et industries de l’énergie, qui ne soit pas fondées sur les usages du carbone.

Enfin, ce discours est indissociable de la très complexe question du fameux projet de pipe line, censé relier les exploitations de schistes bitumineux d’Alberta à la Louisiane, afin à la fois d’augmenter l’accès de ce produit pétrolier très particulier à de plus fortes capacités de raffinage, ainsi qu’à des ports pour l’exporter. Cette capacité d’exportation est aujourd’hui fondamentale pour assurer la pérennité des exploitations d’Alberta, tant les investissements que leur développement actuel a suscités sont énormes.  Elles ont besoin de nouveaux marchés pour être rentabilisées. Obama a déclaré qu’il refuserait son accord s’il était prouvé que l’exploitation de ces produits pétroliers aggraverait les rejets américains de gaz à effet de serre.  Il y a là de grandes subtilités politiques. Le Président est aussi très conscient de la réalité actuelle, c’est à dire de la totale dépendance actuelle de la société américaine aux hydrocarbures,  dépendance qu’il veut faire évoluer par la transition énergétique.

COAL : Vous faites apparaître la prégnance des thèmes liés au développement durable dans le cinéma américain. Est-ce que par exemple « Superman, Man of Steel », qui vient de sortir au cinéma, est également concerné ?

Jean-Michel Valantin : Absolument ! Ces problématiques liées au développement durable tissent non seulement le scénario, mais aussi le visuel de « Man of steel » ! Dans ce film, Superman est un survivant d’une planète détruite par la surexploitation de ses ressources naturelles, et qui défend la Terre et l’Humanité contre d’autres survivants. Ces derniers s’apprêtent à exterminer les humains, afin de s’emparer de notre planète, pour être en mesure de répondre à leurs propres besoins, et ainsi, j’ai envie de dire à ceux de leur « développement durable concurrent ». Aujourd’hui, toutes les grandes productions du « cinéma de sécurité nationale » comme je le qualifie dans un autre ouvrage, les thrillers, les films de science-fiction, bref, toutes ces œuvres qui mettent en scène la menace stratégique et la mobilisation des personnels de défense et de sécurité ont parfaitement intégré les grands enjeux du développement durable.

Voir aussi l’article « Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène »


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Repenser la culture à l’ère de l’anthropocène : Master Class avec Paul Ardenne
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