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La Biennale de Venise révèle les bouleversements de la planète, par COAL

La Biennale de Venise révèle les bouleversements de la planète, par COAL

Que réserve la 55e Biennale d'art contemporain de Venise en matière de critiques sur la marchandisation du monde ? COAL nous le révèle avec piquant.

La réputation de «grand cru» de la Biennale de Venise 2013 est largement méritée. Audacieux et érudit, son commissaire d’exposition Massimilinao Gioni ose d’emblée un parcours initiatique sur la connaissance, « Le Palais Encyclopédique ». L’immatériel, l’irrationnel et l’imaginaire occupent la première place dans ce chemin vers le savoir. Extases cosmologiques, secrets cryptés, combinaisons mythologiques et introspections tantriques bousculent les frontières de la connaissance et créent une spirale vers le cœur de la création.

Il n’y a rien de politique dans la démarche de cette biennale, affirme le commissaire d’exposition. Mais son parti pris de choisir des artistes « outsiders » conduit forcément ce « musée provisoire » selon ses termes, à apporter un regard alternatif sur le monde.
La conscience sociale et environnementale, le souci des populations fragiles et menacées ainsi que le regard critique sur la « marchandisation » du monde, sont au rendez-vous, tant dans l’exposition centrale que dans les pavillons.

Dans les pavillons et des événements collatéraux

Pavillon de la Grèce
Pavillon de la Grèce

Grèce (pavillon)
Faut-il ne plus avoir d’argent pour découvrir la solidarité ? L’artiste Tsivopoulos plaide pour une approche alternative du futur. History Zerodévoile le potentiel du troc, du microcrédit et des monnaies alternatives. L’artiste signe un film magistral (image), montrant une femme très fortunée qui perd un peu la mémoire et qui crée des bouquets de fleurs à partir de billets de banque de 100 euros, puis les jette comme s’ils étaient fanés. Ces billets font ensuite la fortune d’un homme sans abri, ayant fouillé cette poubelle-trésor.@

Pavillon des Maldives
Pavillon des Maldives

Maldives (pavillon)

Ici, chacun est invité à dire où il habite et à préciser s’il accepte de recueillir un prochain réfugié climatique (photos, détails). Les Maldives font partie des premières victimes de l’élévation du niveau des mers et ses habitants devront trouver un endroit où se réfugier, mais lequel ? L’exposition rassemble de nombreux artistes internationaux désireux d’alerter et de porter un « Romantisme environnemental » permettant de mesurer l’importance du lien à la nature et de réveiller une conscience politique vis-a-vis des inégalités face au réchauffement climatique. Pour l’ouverture de la Biennale, l’artiste Stefano Cagol a rapatrié un monolithe de glace des Alpes. The Ice Monolith est une interrogation directe sur la fonte accélérée de la banquise polaire.

(c) Matteo Bittanti
(c) Matteo Bittanti

Andorre (pavillon)

L’installation de Javier Balmaseda Fixed in Contemporaneity, composée de dix chevaux amputés et enchâssés sur des outils mécaniques est un choc visuel. Pour l’artiste d’origine cubaine, c’est la métaphore de la déshumanisation de la société.

Installation view from Vadim Zakharov's Danaë - photo courtesy Daniel Zakharov
Installation view from Vadim Zakharov's Danaë - photo courtesy Daniel Zakharov

Russie (pavillon)

Consacrée au mythe de Danaé, déesse conquise par une pluie d’or, l’exposition est comme un balancier vis-a-vis du pouvoir de l’argent, un pas vers la punition, un pas vers l’obsession. Le mythe de Danaé devient ici une réalité : des pièces tombent réellement sur le sol et des femmes (protégées par des parapluies) se les arrachent sous le regard des hommes, interdits de participer à ce remake mythologique. L’artiste Kakharov écrit qu’ « il est temps de confesser notre rusticité, luxure, narcissisme, démagogie, fausseté, banalité, avidité, cynisme, spoliation, spéculation, gaspillage, gloutonnerie, séduction, envie et stupidité. » Le spectacle des jeunes filles obsédées par les pièces tombées du ciel, semble démontrer que l’installation favorise davantage le jeu que la prise de conscience.

berlinde de bruyckere cripplewood - image © designboom
berlinde de bruyckere cripplewood - image © designboom

Belgique (pavillon)

Pour Berlinde de Bruychere l’arbre est un corps malade, alité, pansé, à l’ombre de la mort, devenant ainsi martyr et saint, tel Saint Sebastien qui protégeait les Vénitiens de la peste. Creepinwood pose aussi la question de la souffrance de la nature, abattue, brisée, saccagée, sans personne pour la sauver.

Angola (pavillon)

Le pavillon lauréat de la Biennale propose un entremêlement entre des objets du quotidien d’Angola et les visiteurs du Palais Cini, créant ainsi un échange Nord-Sud fructueux. L’artiste Sonia Lukene expose sa vision du futur, entre tornades et sècheresses, deux phénomènes accélérés dans son pays par le réchauffement climatique.

 

Bahamas (pavillon)

Dans son installation Polar Eclipse, Tavares Strachan raconte une expédition au Pôle Nord de 1909 et pose la question de l’adaptation aux modes de vie extrêmes ainsi que de la perte des modes de vie traditionnels. La menace que la fonte de la banquise fait peser sur les Inuits est aussi celle sur rapport profond de l’homme à la nature.

Chine (événements collatéraux Voice of the unseen, Ink-Bruch-Heart – Xishuzngbanna)

L’événement collatéral Voice of the Unseen présente sur quatre halls un art chinois engagé, gai, grave et libre.
La sculpture Black Gold de Zhang Jianhua dénonce les conditions de travail des mines de charbon, plusieurs mineurs sont présentés morts, leurs femme et enfants à leurs chevets.
La peinture Black Sun de Li Zhengtian, donne l’impression d’un lever de soleil sur la mer, mais en se reprochant, on constate qu’il s’agit de la lampe frontale qui se réverbère sur le haut du casque d’un mineur au visage noirci.
Your News you know de Li Qiang  compile des journaux, au milieu de panneaux « Beijing’s water you know », démontrant le décalage entre le déni et la réalité, ainsi que la censure des médias.
Mao Ding dans Exchange of interests, rebâtit à l’identique deux chambres de jeunes femmes (peut-être ouvrières) ainsi qu’un banc devant leur entrée avec des produits d’hygiène beauté qu’elles partagent.
Private lives series est composé de plusieurs dizaines de céramiques au logo d’Apple, chacune de couleur différente, avec toujours la même constante : des mains. Doigts coupés, main sectionnée, main tendue, main disparue…on pense immédiatement aux conditions de travail chez les sous-traitants d’Apple en Chine, ainsi que l’espionnage informatique des dissidents chinois.
Quitness of Control (la tranquillité du contrôle) illustre sans doute la dictature chinoise, des rats sont comme congelés dans un petit bassin.
Un autre événement collatéral, au conservatoire de musique et organisé par le Musée d’art contemporain de Shanghai, présente Ink-Bruch-Heart – Xishuzngbanna de Simon Ma, un artiste fortement inspiré par la forêt primaire de Xishangbanna de la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine). De grandes sculptures métalliques en forme de gouttes d’eau sont disposées dans la cour intérieure du conservatoire, entourées de centaines de ballons eux aussi en formes de gouttes d’eau, de six différentes couleurs. Simon Ma pose la question : pourquoi les couleurs de la nature restent-elles vives tandis que celles de nos vies urbaines tendent toujours vers le gris ? Et faisant cela, il alerte sur la nécessaire protection des couleurs dans notre environnement, donc la protection de la nature.

Jeremy Deller (c) GABRIEL BOUYS, AFP/Getty Images
Jeremy Deller (c) GABRIEL BOUYS, AFP/Getty Images

Grande-Bretagne
Lorsque la contestation se fait avec une grâce enthousiaste, elle devient une haute expression de la vie. William Morris, qui voulait un accès à la culture pour tous et par tous, serait aujourd’hui bien en colère en constatant les inégalités sociales du tourisme à Venise. Le vivifiant Jeremy Deller le ressuscite et voilà notre cher ancêtre en train de se défouler et de jeter le bateau du milliardaire et oligarque russe Roman Abramovich, qui avait amarré son gigantesque yacht à Venise en Juin 2011, obstruant la vue et compliquant la vie de la cité par son arsenal sécuraitaire. L’esprit de William Morris est un sérieux allié pour réagir joyeusement et fermement dans notre société, le pavillon le rappelle à fort juste titre. A la sortie, un bulletin d’adhésion à la William Morris Society est distribué.

Kaspars Podnieks and Krišs Salmanis
Kaspars Podnieks and Krišs Salmanis

Lettonie (pavillon)

North by Northeast est un magnifique travail de deux artistes lettons, Kaspars Podnieks et Kriss Salmanis. Ils se concentrent sur la vie rurale lettone, mettant en scène des producteurs de lait en suspension (réellement suspendus par une astuce mécanique invisible) et un arbre fouettant le sol à cadence régulière, métaphore des forêts lettones décimées ainsi que les populations.

Dans l’exposition  « Il palazzo Enciclopedico »

La nature sauvage, invitant à un contact direct avec elle, a une place de choix dans ce labyrinthe des origines.

L’artiste belge Patrick Van Caeckenbergh, ayant expérimenté une vie en immersion dans la nature tel Thoreau avant lui, propose une série de dessins minutieux de très vieux arbres, que l’on prend pour des photographies anciennes d’arbres bizarres, trop larges pour être vrais.

Stefan Bertalan oriente depuis soixante ans son travail sur le lien entre la géométrie présente dans la nature et le savoir scientifique. Dans son œuvre I lived for 130 days with a sunflower plant de 1979, l’artiste a suivi et étudié le cycle complet de la plante. Le démon de Maxwell(photo), sculpture de 1967, dévoile avec avant-gardisme un enjeu que l’on retrouve aujourd’hui au cœur des préoccupations énergétiques à l’heure du réchauffement climatique. Le démon de Maxwell est un pied de nez imaginé fin 19ème par J. Maxwell contre la seconde loi de la thermodynamique. Il a proposé un processus permettant de retrouver des différences de chaleur, sans dépenser d’énergie, ce qui est en principe impossible selon la seconde loi de la thermodynamique.

Thierry Decordier, Mer Montée, 2011
Thierry Decordier, Mer Montée, 2011

Thierry Decordier peint une mer ombrageuse et ténébreuse, d’une force indomptable et insurmontable par l’homme. La Manche déchainée tue les couleurs et une hiérarchie s’impose : seule la montagne rivalise avec la mer. L’humilité de l’homme face à la nature est également dans l’œuvre de Lin Xue. Il dessine volontairement avec du bambou qui, ne retenant pas l’encre, oblige à dessiner très rapidement. Des formes organiques émergent, transmettant en temps réel, la vitalité de la nature.
Christopher Williams quant à lui, explore le lien entre le colonialisme et la botanique, avec son œuvre Angola to Vietnam. La nature sauvage, avec ses animaux et ses nuages, telle qu’elle fut saisie encore intacte, est présentée par deux photographes, décédés il y a vingt et quatre-vingt ans, Eliot Porter et Edouard Spelterini. Enfin, le film Grosse Fatigue de l’artiste française Camille Henrot assemble différents récits de l’univers, en particulier des récits amérindiens, sensibilisant au devenir du vivant.

 

Les rendez-vous manqués

Parmi les rendez-vous manqués ou décevants, citons les pavillons de Nouvelle-Zélande, Espagne, France et Canada. Le Pavillon de Nouvelle Zélande expose Front Door out back de Bill Culbert qui passé l’amusement fugitif d’un néon traversant des bidons de lait, fait pâle figure si l’on vient de sortir de l’exposition Pedro Cabrita Reis au Palais Falier (événement collatéral) qui y montre magistralement ce que néon peut dire. Le pavillon espagnol ne soutient pas non plus la comparaison avec le pavillon grec, autre pays dans la déconfiture économique. Lara Almarcegui, pourtant une artiste généralement passionnante, se noie dans un gaspillage de gravas qui donne une impression qu’un « déjà vu ». Le pavillon français confié à Anri Sala est posé et pesant, avec une installation imaginée à partir d’une simple fantaisie d’un compositeur. Là encore, on ne peut s’empêcher de comparer, si Maurice Ravel était ressuscité comme William Morris, le pavillon français aurait été bien plus inspirant. Le pavillon du Canada quant à lui, a donné une carte blanche à Shary Boyle qui semble se perdre dans une démonstration de l’hystérie.

La Biennale de Venise 2013 a fait le pari d’un large périmètre d’exploration et d’une démarche de conscience au-delà des miroirs. Ce n’est donc pas un hasard si les thématiques liées au développement durable y ont une place de choix. Cette Biennale est un moment fort et empathique, à voir avant sa fermeture, à la fin du mois de novembre.


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