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Regard N°76 Les aires protégées à l’épreuve de la réalité, par F. Ducarme

Crédit image : Restes d’une tortue verte tuée par des braconniers, Mayotte © F. Ducarme

Regard N°76 Les aires protégées à l’épreuve de la réalité, par F. Ducarme

La Société Française d’Ecologie (SFE) vous propose ce regard de Frédéric Ducarme, chercheur en philosophie de l’écologie au CESCO (MNHN), sur la préservation de la biodiversité dans les aires protégées.

Introduction: : l’industrie du braconnage au 21e siècle

A l’ombre du changement climatique, une importante menace pesant sur la biodiversité demeure la chasse non durable, représentée en particulier par la surpêche plus ou moins légale et par le braconnage, entendu ici au sens large de chasse non régulée ou illégale d’animaux sauvages, hors des limites de la simple subsistance. Du fait de la mondialisation, de vastes réseaux de trafic d’espèces sauvages capturées ou tuées en dehors de tout cadre légal se sont développés, avec pour principaux marchés l’aquariophilie occidentale, les « Nouveaux Animaux de Compagnie » destinés notamment aux nouveaux pays émergents (Golfe, Russie, Asie, Amérique latine…), le marché des trophées et peaux, le commerce de poissons et fruits de mer, et bien sûr le marché alimentaire et paramédical asiatique.

Bon nombre d’espèces en danger d’extinction le sont ainsi principalement du fait d’une de ces menaces, tels que, en milieu marin, les poissons-clowns Amphiprion sandaracinos ou la star du Monde de Nemo, Amphiprion ocellaris, mais aussi de nombreuses espèces « surpêchées » parmi les thons, mérous, marlins, légines et autres poissons prédateurs, voire des groupes taxonomiques entiers tels que les tortues de mer, concombres de mer (holothuries), mollusques (bénitiers, ormeaux…), requins et raies. Le trafic d’espèces récifales représente ainsi 800 millions de dollars par an, et celui des requins 400 millions (McClenachan, 2011). Les mammifères terrestres ne sont pas en reste, avec de nombreux félins (comme le Guépard et la Panthère des neiges) très braconnés pour leur fourrure ou pour le commerce d’animaux domestiques de luxe, mais aussi l’ensemble des rhinocérotidés, éléphantidés et pangolins, essentiellement pour le secteur paramédical asiatique.

Cette situation est due à plusieurs facteurs : tout d’abord, les espèces considérées vivent en liberté dans de vastes espaces difficiles à surveiller (d’autant plus en mer). Ensuite, on les trouve souvent dans des pays pauvres où les autorités n’ont pas les moyens de les protéger efficacement, et où de nombreuses populations locales paupérisées sont parfois faciles à suborner. Enfin, la rentabilité de ce genre de commerce est extrêmement compétitive (les sommes en jeu sont considérables : le trafic d’espèces animales sauvages représenterait au total 7 à 10 milliards de dollars par an, selon les estimations) au point que dans plusieurs pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique centrale, d’anciens gangs et organisations criminelles se sont reconvertis dans cette activité, presque aussi lucrative et beaucoup moins risquée (Bennett, 2015).

Les écologistes se retrouvent donc face à un paradoxe : pour protéger certaines espèces et écosystèmes des méfaits de la proximité des activités humaines, on leur a réservé de vastes aires dépourvues d’équipements humains, les « réserves naturelles », réputées d’autant plus efficaces qu’elles sont étendues (cf. Regard n°60, et Whittaker & Matthews, 2014). Or, ces zones sont souvent impossibles à surveiller, et offrent donc des terrains de chasse absolument rêvés aux braconniers, qui peuvent y œuvrer en toute quiétude sans crainte d’être repérés.

Il en va de même pour les eaux internationales, qui constituent aussi une vaste zone de non-droit où des milliers de bateaux de pêche illicite imposent un lourd tribut aux espèces migratrices, pélagiques et de grandes profondeurs, sans la moindre régulation (Gianni & Simpson, 2005). Même les archipels inhabités les plus isolés comme celui des Chagos (Spalding, 2006) sont victimes d’une véritable industrie du braconnage, les trafiquants n’hésitant pas à traverser des océans entiers à la recherche de zones propices à leur activité. La naturalité préservée de ces espaces préserve donc certes de nombreuses espèces et processus écologiques de l’influence humaine, mais laisse aussi sans défense(s) un certain nombre d’espèces ciblées par le commerce clandestin.

Article édité et mis en ligne par Anne Teyssèdre.

Lire le Regard n°76


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